Paris, le 20 décembre 1848
Discours suivant la proclamation à la Présidence de la République
Les suffrages de la nation et le serment que je viens de prêter commandent ma conduite future. Mon devoir est tracé ; je le remplirai en homme d’honneur.
Je verrai des ennemis de la patrie dans tous ceux qui tenteraient de changer, par des voies illégales, ce que la France entière a établi.
Entre vous et moi, citoyens Représentants, il ne saurait y avoir de véritables dissentiments. Nos volontés, nos désirs sont les mêmes.
Je veux, comme vous, rasseoir la société sur ces bases, affermir les institutions démocratiques, et rechercher tous les moyens propres à soulager les maux de ce peuple généreux et intelligent, qui vient de me donner un témoignage si éclatant de sa confiance.
La majorité que j’ai obtenue non-seulement me pénètre de reconnaissance, mais elle donnera au Gouvernement nouveau la force morale sans laquelle il n’y a pas d’autorité.
Avec la paix et l’ordre, notre pays peut se relever, guérir ses plaies, ramener les hommes égarés, et calmer les passions.
Animé de cet esprit de conciliation, j’ai appelé près de moi des hommes honnêtes, capables et dévoués au pays, assuré que, malgré les diversités d’origine politique, ils sont d’accord pour concourir avec vous à l’application de la Constitution, au perfectionnement des lois, à la gloire de la République.
La nouvelle administration, en entrant aux affaires, doit remercier celle qui la précède des efforts qu’elle a faits pour transmettre le pouvoir intact, pour maintenir la tranquillité publique.
La conduite de l’honorable général Cavaignac a été digne de la loyauté de son caractère et de ce sentiment du devoir qui est la première qualité du chef d’un Etat.
Nous avons, citoyens Représentants, une grande mission à remplir : c’est de fonder une République dans l’intérêt de tous ; et un Gouvernement juste, ferme, qui soit animé d’un sincère amour du progrès, sans être réactionnaire ou utopiste.
Soyons les hommes du pays, non les hommes d’un parti, et, Dieu aidant, nous ferons du moins le bien, si nous ne pouvons faire de grandes choses.
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