Lettres d'Adélaïde de Souza à Charles de Flahaut, son fils
(CHAN 565 AP 9)
5 avril 1819

Tous mes malades vont bien mon cher enfant. Mme de Caulaincourt en reviendra, Frecki voit un peu du mauvais oeil, il commence à s'impatienter. Il sort un peu à l'ombre, je ne sais pas s'il reprendra jamais l'air de jeunesse, mais il est terriblement changé ; il n'y a que ce pauvre vieux Beaun... qui, en apprennant que Mme de Caulaincourt était mieux, a joint les mains en disant : Ah ! Que je meure pourvu qu'elle vive ! s'est assis, a fermé les yeux , il était mort. Le duc de Vicence a été si troublé du danger de sa mère, de la mort de son vieil ami, dont il a été le témoin, qu'il est atuellement gisant dans son lit avec un rhumatisme aigü. Papa a aussi une douleur très forte sur les reins qu'il attribue à la maladie que tu as eu à Lyon et que je crois rhumatismale ; en tout ce pauvre papa devient bien triste et bien maladif. Enfin hier, pour la première fois, il a consenti à venir avec moi en voiture voir M. Frecki. Nous avons donné à dîner à M. et Mme Russell avec le comte de Funchall qui l'adorerait si son coeur n'était pas aussi dévoué à la magnifique duchesse d'Hamilton, magnifique est le nom qu'il lui donne. Le général La Tour Maubourg est venu me dire adieu , il me semble fort douteux de ses moyens et un peu embarrassé de sa besogne. M. de Case qui était à Londres a dit ici que le Prince R. était furieux de tout ce qui se passait en France , que les ministres avaient affecté encore plus d'intérêt et de regrets au d'Osmont qu'ils ne l'auraient peut-être fait sans la circonstance et le remplaçant. T'ai-je dit qu'Edmond de Beauveau avait dîné l'autre jour dans une maison où se trouvait Mme de Boynnes ; qu'elle a dit : (de ce ton doux , on est obligé de rendre justice au diable) Il faut convenir que M. de Flahault vit très bien avec sa femme mais qu'il est plus impertinent que jamais. J'ai beaucoup grondé Edmond de n'avoir pas répondu que ta femme faisait bien de bien vivre avec toi, parce que sans cela tu l'aurais envoyée voyager en Savoie, mais Edmond ne va pas jusqu'à penser à tout, et à Mme de Boynes par exemple.
J'ai une rage de dent abominable que j'ai gagnée à regarder des pêches à fleurs doubles qui sont tout en fleur dans le jardin.
Ma chère fille, je tremble que vous ne soyez pas contente d'une des petites robes à cause de ces tulles brodés que vous n'aimez peut-être pas autant que nous qui en raffolons, enfin vous me le direz. Vous accoucherez j'espère le 21 avril et ce jour sera pour vous comme pour moi le plus heureux. Je vous embrasse et vous aime de toutes les forces de mon âme mes chers enfants.
Ton grand cheval ne va pas trop bien, il ne peut pas sortir.

retour à la correspondance de Mme de Souza-Flahaut



 

dernière modification : 26 décembre 2019
règles de confidentialité