Toulouse, 9 mai 1870 Sire, Je savais bien que Toulouse était une des plus mauvaises villes de la France, la plus mauvaise, je l'espère, au point de vue de ses sentiments pour l'Empereur et de son manque de patriotisme, mais je m'étais flatté jusqu'au dernier moment que sa garnison ne subirait pas la pernicieuse influence des menées qui ont été employées pour la démoraliser. Les chefs de corps m'entretenaient dans cette espérance, qu'ils partageaient. On croyait que toutes les manoeuvres dirigées particulièrement par le rédacteur du journal L'Emancipation et par ses agents, échoueraient contre le bon esprit de la troupe ; on n'a rien négligé pour paralyser les efforts du journaliste Duportal et pour empêcher les soldats d'être égarés par eux. Mais c'est le coeur navré, Sire, que j'exprime aujourd'hui à Votre Majesté mes douloureuses déceptions au sujet du vote de la garnison de Toulouse. J'en suis atterré, et personne n'aurait eu la pensée d'un résultat déplorable dans son ensemble, et que je qualifie de monstrueux en ce qui concerne un des bataillons de chasseurs à pied. Ce bataillon était cependant considéré comme excellent et il est très-bien commandé. On explique en partie son vote d'hier par la présence dans ses rangs d'un grand nombre de jeunes gens des faubourgs de Paris. Gal comte de Lorencez |