30 septembre 1869
Lettre de M. Achille Murat à Napoléon

Demande d'argent : Une note donnant un total de sommes versées au prince Achille Murat était attachée à l'original de cette lettre.

Sire,

Je m'empresse d'informer Votre Majesté de mon retour à Paris, où j'ai été contraint de revenir, appelé par mes affaires. Je viens donc me mettre aux ordres de Votre Majesté, l'assurant que je n'ai de plus à coeur que de Lui prouver mon sincère désir de m'y conformer entièrement.
Après huit mois de séjour au Caucase, Sire, je suis revenu pour rejoindre en Afrique le nouveau régiment dans lequel, à la demande de mon frère, Votre Majesté a daigné me placer, persuadé que les arrangements faits pendant mon absence me permettraient de reprendre mon service et d'effacer alors, par ma conduite, de l'esprit de Votre Majesté, mes fautes passées. Malheureusement, Sire, rien ou presque rien n'est changé dans ma triste situation. Jusqu'à présent, les fonds employés ont servi à éteindre à peine les dettes contractées sur parole, celles dans lesquelles l'honneur de mon nom était engagé, de sorte que tous les ennuis, tout le scandale dont j'étais menacé avant mon départ me menacent encore. En Afrique comme à Paris, ma présence va réveiller l'acharnement de mes créanciers ; j'y serai poursuivi, traqué, saisi, exposé tous les jours à des réclamations incessantes, menaçantes, dont la malveillance ne manquera pas de s'emparer, et Votre Majesté est trop juste pour vouloir que, dans de telles conditions, j'aille rejoindre mon régiment, dans lequel toute la déconsidération dont je serai entouré m'enlèverai l'estime de mes camarades et rendrait mon existence et mon srevice au milieu d'eux complètement impossibles.
Je n'ose supplier Votre Majesté de vouloir bien me permettre d'aller Lui soumettre en quelques mots ma situation véritable, et les moyens d'en aplanir les difficultés, car la situation qu'on Lui a présentée a été très-exagérée, j'ignore dans quel but ; mais je La supplie de croire et d'être persuadée que je tiens avant tout à reconquérir son affection, et que pour y parvenir je suis prêt à faire tout ce qui est dans mon pouvoir.
De Votre Majesté le très-obéissant neveu et sujet.

Achille Murat

En marge, au crayon, de la main de Napoléon :
Refus

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dernière modification : 26 décembre 2019
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