Madame de Souza
à Margaret Mercer Elphinstone, Countess of Flahaut, sa belle-fille
25 août 1817

La lettre ci-jointe qui est adressée à votre mari est aussi pour vous ma chère fille. Comme vous avez changé déjà trois fois pour la femme de chambre (ce qui prouve votre bonté car dites à Charles qui n'est que juste n'est pas assez bon et qu'un peu de faiblesse sied bien à notre nature si faible) mais enfin comme vous avez déjà changé trois fois je ne regarderai cette affaire comme terminée, décidée, qu'à la réponse de cette lettre du 25 août. Je ne puis vous dire cependant comme je serais fâchée pour vous que vous perdiez l'occasion d'avoir une femme de chambre que je regarde comme un véritable trésor. Active, travailleuse, polie, adroite, douée et gaie ; au lieu que celle que vous aviez est bavarde, col... et ces deux défauts sont fort dangereux dans votre situation. N'oubliez point de me mander si vous persistez dans la volonté de garder Any... Combien vous voulez que je donne de dédommagement à mon trésor. Je n'en ai pas reçu de confidences positives parce que les anglaises nouvellement mariées n'avouent ces sortes de choses que le plus tard qu'elles peuvent, mais je crois lady W. grosse et elle s'est mariée le 21 juin. A la vérité, le duc de Bedford a positivement défendu qu'elle affrontât le vendredi. Veuillez dire cela à Charles ; cependant cette pauvre petire lady W. est fort souffrante.
Nos gazettes disent aujourd'hui que le comte Palmella va être ministre des Affaires étrangères au Brésil, que je le plains, et comme il en sera affligé, je le regrette aussi pour Charles.
Adieu ma chère fille, mon coeur ne vous sépare point de ce Charles, je vous aime comme si vous étiez ma fille depuis que vous êtes au monde. J'espère bien aller vous voir cet hiver à Londres, il serait assez important à mon mari que l'Edimburgh Review parle avec éloge de notre édition du Camoëns pour fixer les admirations portugaises, tant sur la beauté de l'ouvrage que sur le patriotisme qui fait dépenser 60000 f. pour une édition dont il n'y aura pas un seul exemplaire de vendu, mais qui est un monument à la gloire du poète qui a si bien illustré son pays, qui jusqu'ici n'avait fait imprimer que de mauvaises éditions sur mauvais papier. Enfin c'était une honte.
Ce dernier paragraphe est adressé à Charles . Mais j'y tiens beaucoup à cause du Portugal et du Brésil.
God bless you mes enfants.

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dernière modification : 26 décembre 2019
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