Lettres d'Adélaïde de Souza à Charles de Flahaut, son fils
(CHAN 565 AP 9)
22 janvier 1817

Mon très cher ami, d'abord pour que je ne l'oublie point, dis à lady H... que ses bas ne sont pas arrivés de la manufacture et qu'ainsi je n'ai pu les donner à lord W...
Sois bien sûr que si ton cheval meure comme il mourra, André fera le diable et qu'il n'y aura pas un moment de repos ni rien de sûr.
Baring m'a envoyé ta lettre en me disant qu'il viendrait me voir, papa se réserve de causer avec lui de ton affaire, mais lord W... te dira qu'ici on n'y a aucune confiance et que lui-même m'a dit que je ferais bien mal d'y mettre du fond. Enfin il t'expliquera notre situation.
En attendant, voilà des chansons et un portrait, je te prie de ne les chanter qu'à Mlle Joly.
Thomès (?) successeur de Lignereux a envoyé le petit écritoire à M. Matis à Calais pour être envoyé à son correspondant à Londres. J'ai donné l'adresse de lady Holland ne sachant pas très bien la tienne ; ainsi prie la, s'il vient une petite boîte de payer les droits et te la remettre. Je n'avais point dit à Thomès successeur de Lignereux de prendre cette voie, mais comme il avait envoyé ainsi le flambeau, il a cru faire un miracle d'envoyer là ton encrier à la diligence accoutumée du dit Mates ; tu l'auras peut-être l'année prochaine.
As-tu reçu la lampe et n'était-elle point cassée ?
M. de Tall... doit être en furieuse colère de voir M. Pasquier ministre de la justice ; les ultras en sont furieux et disent que toutes les places vont être données aux Jacobins. Or M. Pasquier est le plus aristocrate des hommes, il a l'aristocratie de la robe qui est la plus empesée de toutes. On assure qu'il sera sec et dur ; je le crois .
Voici un mémoire sur les cotons. Je le donnerai à lord W... pour le remttre à M. Brougham. Cela rendrait mon paquet trop gros. Je te dirai que n'ayant pas encore de chevaux, j'étais avant-hier en fiacre avec Sally et Auguste ; en passant sur le Carousel, le petit a dit à Sally : Pourquoi n'entrons-nous pas dans la cour de l'Empereur ? - Parce que les fiacres n'entrent point dans la cour Royale, a répondu fièrement Sally - Mais, a repris Auguste, les vieilles femmes y entrent bien ! Sa petite tête ne voit dans les fiacres qu'une vieille voiture ; dans les vielles femmes que la laideur, enfin tout cela allait de pair dans sa petite tête et m'a paru drôle. Sally qui riait et qui se sentait personnellement offensée dans l'apostrophe aux vieilles femmes lui a dit : Je vous conseille de parler ainsi des personnes respectables et de là ils se sont tous deux battus, pelottés, embrassés, car Sally l'adore, l'élève très bien et il l'aime de toute son âme. Du reste il t'a écrit une lettre si charbonnée, si malpropre que je ne te l'envoie pas, mais qui disait : Mon ami Charles je t'aime beaucoup , je mange tous les matins le chocolat de papa. Reviens donc, je suis Auguste. Voilà toute la lettre à laquelle tu répondras une petite lettre adressée à lui et cachetée si tu veux le voir porter de joie. Du reste il est un peu surpris que tu ne lui envoies pas ses étrennes.
Voici l'adresse du correspondant de M. Thomès: M. Michaud doreur n° 7 Buckingham Street ... Vas-y réclamer.

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dernière modification : 26 décembre 2019
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